Revue bibliographique sur la conservation des potimarrons (et autres courges)

Publié par Lorrain Monlyade, l'équipe biodiversité, Agrobio Périgord on Thursday, October 15, 2020

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1 Effet du sol sur la conservation des potimarrons

1.1 Les resultats de Bio Loire Ocean (BLO)

Dans une étude pluriannuelle, BLO (BLO, 2017) a mis en évidence que le type de sol faisait partie des 8 facteurs les plus influents sur la conservation. Les sols légers et drainants pourraient être plus favorables. Toutefois, le dispositif expérimental ne permettait d’évaluer l’effet de ce facteur « toutes choses égales par ailleurs ».

A l’inverse (DECROCK, 2018), indique que les sols sableux peuvent induire une croissance rapide du fruit. Les fruits gorgés d’eau seraient moins aptes à la conservation.

2 Effet de la temperature minimale en cours de culture sur la conservation des potimarrons

Dans une étude pluriannuelle, (BLO, 2017) a mis en évidence que la température minimale en cours de culture faisait partie des 8 facteurs les plus influents sur la conservation. Les températures inférieures à 4°C pendant la culture pourraient être défavorables à la conservation. Toutefois, le dispositif expérimental ne permettait d’évaluer l’effet de ce facteur « toutes choses égales par ailleurs ».

3 Effet des varietes sur la conservation des potimarrons

3.1 Les resultats de la SERAIL

D’après la station expérimentale Rhône-Alpes information légumes (SERAIL) (SERAIL, 2017), la variété Uchiki Kuri se conserve mieux qu’Orange Summer et la sélection Gourgaud. Toutefois, les résultats obtenus sur Uchiki-Kuri sont très variables en fonction de la provenance des semences (Semenciers) et des conditions de conservation. Il ne semble pas y avoir eu de répétition pluriannuelle de ces résultats.

3.2 Les resultats de la station expérimentale de Bretagne sud

D’après (Le Lan, 2016), sur un essai 2015-2016 comprenant 11 variétés, 4 ressortent du lot pour leurs bonnes aptitudes à la conservation : Red-Kuri (Voltz), Fictor (De Boslter), Solor (De Bolster) et la 013-F1 (Vitalis). Orange summer aurait une conservation intermédiaire. Ces essais ont été reproduits en 2016-2017.

D’après (Rose, 2018), il semblerait que la bonne conservation se confirme pour Fictor (De Bolster) et la 013 (Vitalis).

D’aprés les travaux de la station expérimentale de Bretagne sud cités par (SERAIL, 2019), Amoro, Tractor et Madiba ne se conserveraient pas bien après Décembre.

Ces résultats portent sur 2 années.

3.3 Les resultats du GRAB

En 2014, le GRAB a réalisé une étude portant sur 39 variétés de courges, dont 21 potimarrons. D’après (GRAB, 2014), en fin de conservation (12/12), la seule variété populations orange ayant 50% de fruits survivants est : Red-Kuri_Germinance. Les autres populations Red-Kuri_Agrosemence, Fictor_De Bolster, Solor_De Bolster, Uchiki-Kuri_Agrosemens étaient 100 % pourris en fin de conservation (12/12). Cette expérimentation aurait été reconduite, mais je n’ai pas eu l’occasion de consulter les résultats.

3.4 Les resultats de BLO

Dans une étude pluriannuelle, Bio Loire Océan (BLO, 2017) a mis en évidence que la variété faisait partie des 8 facteurs les plus influents sur la conservation. Fictor et Solor pourraient être des variétés intéressantes. Toutefois, le dispositif expérimental ne permettait d’évaluer l’effet de ces deux variétés « toutes choses égales par ailleurs ».

3.5 Les resultats de B. DECROCK

D’après les résultats de l’étude de (DECROCK, 2018) basée sur des enquêtes auprès d’agriculteurs le fait de cultiver plusieurs variétés améliorerait les résultats de conservation globaux. Toutefois, il s’agit de résultats d’enquêtes, d’une seule année et le facteur étudié ne l’est pas « toutes choses égales par ailleurs ».

4 Effet de l’etat sanitaire des semences sur la conservation des potimarrons

Faisant l’hypothèse que la durée de conservation des potimarrons pouvait être reliée à l’état sanitaire des semences, (SERAIL, 2017) a essayé d’évaluer l’état sanitaire de plusieurs lots de semences d’origines (semencier) différentes d’Uchiki-Kuri. Plusieurs critères ont été utilisés (taux de levé en condition contrôlée, taux de graines avec ‘problèmes sanitaires’’, taux de levée en terrine de terreau, note homogénéité des cotylédons, note ‘vigueur des cotylédons) mais ils n’ont pas donné de résultats concordants et unanimes sur ‘l’état sanitaire’’.

(SERAIL, 2017) a essayé de traiter les graines suivant 2 modalités :

  • eau chaude

  • bouillie bordelaise

Il se pourrait que le traitement à l’eau chaude ait un effet positif sur le taux de survie des potimarrons à + 4 mois de conservation. Il semblerait que l’application de bouillie bordelaise n’ait pas d’effet. Cet essai resterait toutefois faible, voire non significatif et ces résultats ne concernent qu’une seule année d’expérimentation.

5 Effet de la date de semis et type de semis (direct ou repiquage) sur la conservation des potimarrons

D’après l’étude bibliographique (DECROCK, 2018) le type d’implantation (direct/repiquage) n’aurait pas d’influence sur la conservation des potimarrons.

5.1 Resultats de la station d’expérimentation des Chambres d’agricultures de Bretagne

Le Lan et Perennec cité par (ROSE, 2018) indiquent que des essais visant à retarder la date de semis ont été réalisés. Quelques résultats chiffrés, concernant 2 années d’expérimentation, sont donnés dans (SERAIL, 2019). Les modalités semées tardivement ne se conserveraient pas forcement mieux que les autres. En revanche les semis tardif auraient un effet négatif sur le rendement. Une troisième année d’essais est en cours.

5.2 Resultats du Pole légume Région Nord (PLRN)

On trouve dans (SERAIL, 2019) quelques résultats chiffrés obtenus par le PLRN. Ils laissent penser que les semis tardifs favoriseraient la longue conservation.

5.3 Resultat de BLO

Dans une étude pluriannuelle, Bio Loire Océan (BLO, 2017) a mis en évidence que la date du semis ferait partie des 8 facteurs les plus influents sur la conservation. Semés tôt, les potimarrons se conserveraient mieux. Toutefois, le dispositif expérimental ne permettait d’évaluer l’effet de ce facteur « toutes choses égales par ailleurs ».

Dans cette même étude, BLO met en évidence que la durée de la culture influence la conservation des potimarrons. Les durées de cultures les plus longues pourraient être les plus favorables. Toutefois, ce résultat n’est pas obtenus « toutes choses égales par ailleurs ». Nous verrons ci-dessous que les récoltes en sur-maturité (qui avaient donc des durées de cultures longues) pourraient être très négatives pour la conservation.

6 Effet de la fertilisation sur la conservation des potimarrons

D’après (ITAB, 2015), les excès de fertilisation peuvent s’avérer préjudiciables à une bonne conservation.

D’après l’étude bibliographique (DECROCK, 2018), citant une référence, la fertilisation n’aurait qu’une influence moyenne sur la conservation. Il y aurait une différence entre fertilisation minérale et fertilisation organique. La fertilisation organique augmenterait le taux de matières sèches des courges ce qui pourrait favoriser leur conservation.

6.1 Resultats de la Serail

En 2018, la Serail a testé l’effet d’un engrais retard sur la conservation des potimarrons en comparant un apport d’ammonitrate à un apport d’Entec. D’après les premiers résultats obtenus par la Serail, cités dans (SERAIL, 2019), il n’y aurait pas de différence entre ces deux pratiques de fertilisations sur la conservation des potimarrons. De nouveaux essais sont en cours.

7 Effet d’un traitement en cours de culture sur la conservation des potimarrons.

La station expérimentale du SERAIL a testé l’effet d’applications foliaires de Ranman Top et de Siliforce en cours de culture, lors de la nouaison des fruits, en 2017 et en 2018.

Les résultats de 2017 donnée dans (SERAIL, 2018) auraient donnés un avantage à Siliforces, ceux de 2018 semblent donner un avantage à Ranman Top. Mais dans les deux cas les différences sur la longue conservation semblent faible voire non significative.

8 Effet des methodes d’irrigation sur la conservation des potimarrons

Partant des « observations » que d’une part, les doses d’apport d’eau peuvent influencer la conservation (teneur en eau des fruits, taille, développement de champignons) et d’autre part que les éclaboussures véhiculent Didymella sp. la station expérimentale de la SERAIL a testé en 2017 les stratégies d’irrigation suivantes :

  • Stratégie déficitaire : irrigation jusqu’à la nouaison (mi-juillet) suivant les seuils tensionmétriques

  • Stratégie producteur optimisé : irrigation jusqu’à aout selon les seuils tensiométriques avec deux sous-modalités :

    • arrosage aspersion
    • arrosage goutte à goutte
  • Stratégie producteur excès : arrosage jusqu’à la récolte selon les seuils tensiométriques.

D’après les résultats 2017 cités dans (SERAIL, 2018), si la stratégie déficitaire aurait tendance à ralentir le pourrissement des potimarrons, il n’y aurait pas de différences sur la longue conservation.

Cet essai a été reconduit en 2018. Les résultats peuvent être consulter dans (SERAIL, 2019), aucune modalité ne semble se distinguer sur la longue conservation.

D’après (ITAB, 2015), la modération des apports d’eau pendant la maturation améliorerait la qualité et l’aptitude au stockage.

9 Effet du type de paillage sur la conservation des potimarrons

La station d’expérimentation Bretagne sud a testé l’effet du type de paillage sur la conservation des potimarrons en comparant deux type de paillage : paillage PE et paillage biodégradable. Il ne semble pas qu’il y ait d’effet très marqué du type de paillage sur la longue conservation potimarrons.

Il n’y a pas beaucoup de résultats sur ce sujet.

10 Effet de l’état de maturite des potimarrons au moment de la recolte sur leur conservation

10.1 Resultats de la SERAIL

La SERAIL a évalué l’effet de la maturité des fruits à la récolte sur la conservation à l’aide des modalités suivantes :

  • Récolte des fruits peu murs (pédoncule non desséché, coloration du fruit orange claire, récolte à 1000°J environ, semaine 35)

  • Récolte des fruits murs (pédoncule desséché, fruit orange vif, récolte à 1200 °J environ, semaine 37)

  • Récolte des fruits tops murs (pédoncule desséché depuis 15 jours, fruits orange vif et moins denses, récolte à 1300-1400 °J environ, semaine 39).

D’après (SERAIL, 2018) les fruits trop murs pourrissement plus vite, les fruits peu murs ont un taux de perte plus élevé en fin de conservation au 3 janvier (92%) : + 15 % environ par rapport à la modalité fruits murs, les fruits murs sont ceux qui ont le taux de perte le plus faible.

10.2 Resultats de la station expérimentale en maraichage des Chambres d’agriculture de Bretagne, AURAY

En 2017-2018, la station expérimentale des Chambres d’agriculture de Bretagne a mis en place des essais permettant de tester la conservation des potimarrons en fonction de 4 stades de récoltes :

  • Sous-maturité

  • Optimum

  • Témoin producteurs (quand le feuillage est mort semble-t-il d’après la photo)

  • Sur maturité.

D’après (PERENNEC et LE LAN, 2018) la récolte trop tardive (sur-maturité) semble vraiment pénaliser la conservation. Les récoltes optimale et en sous-maturité donnent les meilleurs résultats. Début Janvier les écarts des taux de pertes entre d’une part la modalité en sur-amturité et d’autre part les modalités ‘’optimum’’ et ‘’sous-maturité’’ sont compris entre 25 et 30 %.

Dans cet essais, le stade ‘’optimal’’ correspond peut-être au stade senescence du feuillage (ROSE, 2018), mais les sources consultées sont imprécises à ce sujet.

10.3 Preconisation de l’ITAB

D’après (ITAB, 2015) le stade de récolte a une importance fondamentale pour la qualité de la conservation des fruits. Les récoltes trop précoces ne peuvent pas se conserver longtemps car la maturation rapide des fruits induits une instabilité interne très importante.

10.4 Resultats BLO

Dans une étude pluriannuelle, Bio Loire Océan (BLO, 2017) a mis en évidence que la date de récolte faisait partie des 8 facteurs les plus influents sur la conservation. Les récoltes les plus tôt pourraient être les plus favorables à la conservation. Il n’est toutefois pas évident de savoir si le facteur ‘’date de récolte’’ n’est pas la simple expression du stade de maturité à la récolte. Le stade de récolte n’était pas suivi. Par ailleurs, le dispositif expérimental ne permettait d’évaluer l’effet de ce facteur « toutes choses égales par ailleurs ».

10.5 Les resultats de B DECROCK

D’après l’étude bibliographique de (DECROCK, 2018), citant une seule référence, la récolte en su-maturité augmenterait l’apparition de pourriture au stockage et la qualité sensorielle serait affectée.

D’après les résultats de l’étude de (DECROCK, 2018) basée sur des enquêtes auprès d’agriculteurs le stade de récolte pourrait avoir une influence sur la conservation des potimarrons. A partir de ses résultats, on peut faire l’hypothèse que la récolte au stade ‘’mort du feuillage’’ n’est pas le stade optimal pour la conservation des courges. Toutefois, il s’agit de résultats d’enquêtes, d’une seule année et le facteur étudié ne l’est pas « toutes choses égales par ailleurs ». (DECROCK, 2018) propose p. 35 et p. 58 un ensemble d’indicateurs permettant de déterminer la maturité « optimale » pour la courge de conservation. p. 21 pour une brève revue bibliographique sur ce sujet.

10.6 Remarque a propos du stade de recolte et du taux de sucre

(SERAIL, 2018) relève d’une part aussi que les fruits récoltés au stade ‘’murs’’, c’est à dire ceux qui se sont le mieux conservé dans leur essai, ont aussi le °Brix (taux de sucre) le plus stable au cours de la conservation. D’autre part, le °Brix a tendance à être supérieur sur les fruits abîmés.

R1 : résultats d’une seule année ; R2 : °Brics supérieur dans les fruits abîmés : peut-être une piste à creuser pour faire comprendre les mécanismes du pourrissement. R3 : De tous les résultats présentés par (SERAIL, 2018), en dehors de la chambre de conservation, c’est peut-être ceux où les écarts entre modalités sur le taux de perte au 3 janvier sont les plus importants. Le stade de récolte pourrait donc être un levier important pour optimiser la conservation des potimarrons. R 4: Trouver les résultats 2018 (répétition pluriannuelle) es essais réalisés avec le CTIFL de St Rémy de Provence.

11 Effet de la qualite et des conditions de la recolte

11.1 Resultats de B. DECROCK

D’après (DECROCK, 2018), citant une seule référence, les éventuelles blessures présentes sur la courge au moment de la récolte entraîneraient un dégagement d’éthylène plus important du fruit (DECROCK, 2018).

Par ailleurs, toujours d’après (DECROCK, 2018), il se pourrait que couper le pédoncule assez haut favorise la respiration du fruit au stockage. Il préconise la coupe haute (5 à 10 cm) du pédoncule et recommande que celui-ci soit encore un peu vert.

11.2 Resultats de BLO

(BLO, 2018) a mis en évidence que les conditions de récoltes faisaient partie des huit facteurs les plus influents sur la conservation des potimarrons. Les récoltes en conditions sèches pourraient être les plus favorables. Toutefois, le dispositif expérimental ne permet pas d’évaluer ce facteur « toutes choses égales par ailleurs ».

12 Effet du « curing » sur la conservation des potimarrons

Le « curing » est sovent présenté comme une méthode de séchage post-récolte et pré-stockage visant à favoriser la cicatrisation des potimarrons.

La réalité des pratiques du « curing » peut-être très variable et doit être explicité dans chaque situation étudiée. S’agit-il d’un « curing » en chambre de conservation où la température et l’humidité relative sont maintenues constantes, un « curing »sous tunnel où la température et l’humidité relative varient de façon importante, sous pépinière en verre, etc ?

12.1 Resultats de la SERAIL

En 2017, la SERAIL a conduit un essai de conservation avec deux méthodes de « curing » :

  • « curing » 10 jours à température constante = 30°C

  • « curing » 10 jours au sol sous pépinière en verre à température variable (10 à 42°C).

18 modalités (dans lesquels plusieurs facteurs sont susceptibles de varier comme : l’origine des semences, les traitements des semences et le type de chambre de conservation) d’Uchiki Kuri ont été testées et les résultats sont présentés dans (SERAIL, 2017).

Table 12.1: Voici les données sur le taux de survie des 18 modalités d’Uchiki-Kuri 4 mois après récolte (semaine d’observation non précisée)
Traitement Conditions.de.stockage.contrôlées Conditions.de.stockage.non.contrôlées Total
« Curing » à T cst est meilleur 4/9 4/9 8/18
« Curing » pépinière en verre est meilleur 5/9 2/9 7/18
Ex equo 0 3/9 3/18

Je retiendrai que le taux de survie 4 mois après récolte après un « curing » à T cst a été meilleur dans 8 modalité sur 18 et qu’il a été meilleur après « curing » en pépinière en verre dans 7 modalités sur 18. Cet essai n’a donc pas permis de distinguer ces deux méthodes de « curing » du point de vue du taux de survie 4 mois après récolte. L’analyse est d’autant plus complexe qu’il s’agit de 18 résultats obtenus sur 18 modalités et non sur 18 répétitions de la même modalité. Par ailleurs, la dynamique de conservation n’est pas présentée dans (SERAIL, 2017), or cette dynamique peut aussi avoir des conséquences économiques pour l’agriculteur.

En 2018, la SERAIL a reconduit des essais de conservation portant sur le « curing » en comparant cette fois 3 modalités :

  • « curing » 10 jours en chambre climatique Tcs = 30°C et HR cst = 70

  • « curing » 10 jours sous tunnel (T variant de 10 à 56°C et HR de 20 à 90 °C)

  • absence de « curing ».

Le pourrissement des potimarrons de chacune de ces 3 modalités a été observé dans un hangar (à température et humidité relative variable) et dans une chambre de conservation (à température et humidité relative contrôlée).

D’après (SERAIL, 2018), en conservation sous hangar, au 31/01 : 100 % des fruits ont péri quel que soit la modalité considérée. Aucun des 3 modalités ne permet la conservation des potimarrons au-delà de Janvier sous hangar. L’effet des conditions de conservation, sous hangar, a sans doute été plus fort que l’effet du « curing ». Si on regarde les résultats avant le 1er Janvier (en Décembre), il se pourrait même que le « curing » 10 jours à température et humidité relative constante ait accéléré le dépérissement des potimarrons stockés sous hangar. La modalité de « curing » 10 jours sous tunnel ne semble pas avoir eu d’effet (ni positif ni négatif) du point de vue du taux de survie en Décembre par rapport à l’absence de « curing ».

Par ailleurs, lorsque les potimarrons sont stockés sous hangar, il semblerait que le « curing » (sous tunnel ou en chambre) face pourrir les premiers potimarrons plus tôt (entre le 1er septembre et mi-octobre) par rapport à la modalité sans « curing » (début novembre). Ce phénomène n’a pas l’air d’exister lorsque les potimarrons sont stockés en chambre de conservation.

D’après (SERAIL, 2018), lorsque les potimarrons sont stockés en chambre de conservation, au 31/01 il semblerait que la modalité sans « curing » ait les plus mauvais résultats de conservation et la modalité avec « curing » 10 jours à température et humidité relative constante les meilleurs (un écart de 25 % entre ces deux modalités). La comparaison des deux modalités avec « curing » semble donner l’avantage au « curing » à température et humidité relative constante, mais seulement au 31/01 avec une accélération du pourrissement pour la modalité avec « curing » sous tunnel et une tendance à la stabilisation (palier) du pourrissement pour le « curing » à température et humidité relative constante, mais les résultats ne sont pas donnés au-delà du 31/01. En Décembre, il semblerait que ce soit le « curing » 10 jours sous tunnel qui ait les meilleurs résultats.

12.2 Resultats de la station experimentale en maraichage des Chambres d’agriculture de Bretagne, AURAY

En 2015-2016 la station expérimentale de maraîchage de la Chambre d’agriculture de Bretagne d’Auray a mis en place des essais sur la conservation des potimarrons (Orange summer) permettant de comparer 3 conditions de « curing » avant stockage sur palette sous hangar :

  • absence de « curing »

  • « curing » 10 jours à à 30°C sur étagère

  • « curing » 10 jours sous tunnel sur palette

D’après (LE LAN, 2016), un « curing » 10 jours à 30 °C sur étagère avant stockage en hangar ne donne pas du tout de bons résultats, il donnerait même les moins bons résultats de ces essais en 2015-2016. En revanche, un « curing » 10 jours sous tunnel semble améliorer la conservation sous hangar.

Ces essais ont été reconduits en 2016-2017. L’amélioration du stockage sous hangar après un « curing » 10 jours sous tunnel semble se confirmer (PERENNEC et LE LAN, 2018). Pour (PERENNEC et LE LAN, 2018), le « curing » 10 jours à 30°C ne semble pas avoir prouvé son intérêt pour la conservation des potimarrons. Toutefois, en raison de l’imprécision de la source consultée, il n’est pas possible de savoir si jugement est général (stockage en chambre de conservation à température et humidité relative contrôlées et stockage sous hangar) ou s’il ne concerne que les résultats de conservation pour le stockage sous hangar.

Le « curing » 10 jours sous tunelle sur palette semble avoir amélioré la conservation des potimarrons sous hangar deux années de suites (LE LAN, 2016) et (PERENNEC et LE LAN, 2018) . Toutefois, l’effet du « curing » sous tunnel pourrait être très dépendant des conditions météorologiques annuelles.

Par ailleurs, citant les résultats de cet essais, (ROSE, 2018) précise que jusqu’à début décembre, le « curing » 10 jours sous tunnel a les meilleurs résultats quel que soit la méthode de conservation (hangar ou chambre de conservation).

12.3 Preconisations ITAB

D’après (ITAB, 2015), pour bien conserver les potimarrons il faut les manipuler avec précaution et les faire sécher à température élevée pour cicatriser les fruits avant le stockage : 25-30°C pendant 10 jours sauf si la récolte a été faite en 2 temps (d’abord la coupe puis 2-3 jours de séchage au champ).

12.4 Remarques a propos de la perte en eau des fruits et de la ventilation :

(SERAIL 2017) a aussi mis en évidence que le « curing » à température constante induit une perte de poids moyen (environ – 12%) par rapport au « curing » en pépinière sous verre. Écart de poids qui se maintient ensuite tout au long du stockage (jusqu’à fin Janvier) que celui-ci soit réalisé sous hangar ou en chambre de conservation.

Même si cela n’est pas le cas dans les résultats de (SERAIL, 2017), il me semble qu’on peut faire l’hypothèse que c’est cette perte en eau qui compte pour la conservation, car elle créerait un milieu moins favorable au développement des champignons. Partant de cette hypothèse, il est fort possible que la ventilation et l’hygrométrie pendant le « curing » ait un rôle tout à fait déterminant (aussi déterminant que la température) dans la conservation des fruits. (SERAIL, 2017) insite aussi sur le fait que l’aération et le renouvellement d’air pourraient être des facteurs influant sur la conservation et qu’il faut les intégrer dans les techniques de conservation.

Il est tout à fait envisageable que l’absence de différence des résultats de conservation entre les deux méthodes de « curing » de l’essai de la SERAIL en 2017 soit due aux conditions d’hygrométrie et de ventilation pendant la phase de « curing », alors même qu’il existait des différences dans les conditions de températures. D’ailleurs, d’après les résultats de l’essai SERAIL 2018 (reproduisant les essais de conservation de 2017 mais en contrôlant cette fois l’hygrométrie pendant le « curing ») il semblerait que, comme je l’ai indiqué ci-dessus, pour les fruits conservés en chambre de conservation, le traitement avec « curing » à hygrométrie contrôlée produise les meilleurs résultats de conservation à partir de Janvier.

Par ailleurs, (DECROCK, 2018) se basant sur l’étude de (SERAIL, 2018) sur le °Brix (voir ci-dessus) estime que pour favoriser la conservation il faut stabiliser le taux de sucre des potimarrons et que pour stabiliser ce taux de sucre il faut favoriser la respiration car elle dégrade le glucose en présence d’oxygène (et produit de l’eau du gaz carbonique et de la chaleur). Pour lui c’est la ventilation et le chauffage, en apportant de l’oxygène et en évacuant de l’humidité qui permettrait de favoriser la respiration, donc la stabilité du taux de sucre donc la conservation des potimarrons.

Le « curing » est souvent présenté comme une méthode de séchage, or les conditions de ventilation et d’humidité sont essentielles pour assurer le séchage des denrées alimentaire. Ce point toujours précisé dans les publications sur le séchage et le stockage des céréales ne l’est pas dans les études décrites ci-dessus sur la conservation du potimarron. (DECROCK, 2018) constatait aussi, après une recherche bibliographique, que la littérature est peu disserte à ce sujet. Il préconise d’ailleurs :

  • une phase de « curing » avec une ventilation ‘’de séchage’’ et un chauffage (« curing » visant à ‘’sortir’’ l’eau du fruit et atteindre la stabilité dans le taux de sucre)

  • un stockage avec ventilation ventilation ‘’de maintien’’ et température à 10-14°C.

Toutefois, les préconisations de (DECROCK, 2018) n’ont pas fait l’objet de test à ma connaissance. Le flétrissement des potimarrons excessivement séchés pourrait être problématique.

La ventilation, facteur non mesuré dans les essais de « curing » décrits ci-dessus pourrait expliquer certains résultats.

13 Effet du conditionnement sur la conservation des potimarrons

D’après l’étude bibliographique de (DECROCK, 2018), citant deux références, le stockage en étagère serait le plus recommandé pour limiter les chocs et le contact entre les fruits. Cela favoriserait aussi le passage de l’air, qui serait favorable à la conservation. Il souligne toutefois le manque de référence à propos de l’impact du conditionnement sur la conservation des courges.

Par ailleurs, pour les conditionnements sur étagère, il préconise de placer les pédoncules vers le haut afin de faciliter le séchage de cette partie sensible du fruit.

14 Effets des conditions de stockage (temperature et humidite) sur la conservation des potimarrons

La remarque faite sur la ventilation dans le paragraphe sur le « curing » est valable aussi pour ce paragraphe.

14.1 Les resultats de B. DECROCK

D’après l’étude bibliographique de (DECROCK, 2018), citant 3 références, les courges seraient plus aptes au stockage si elles sont conservées dans une chambre climatique à la température comprise entre 4 et 18°C.

D’après les résultats de l’étude de (DECROCK, 2018) basée sur des enquêtes auprès d’agriculteurs Il se pourrait qu’un bâtiment dédié à la conservation permette d’améliorer la conservation. Toutefois, il s’agit de résultats d’enquêtes, d’une seule année et le facteur étudié ne l’est pas « toutes choses égales par ailleurs ».

14.2 Resultats de BLO

D’après l’essai pluriannuel de BLO (BLO, 2018), la température minimale en cours de conservation fait partie des 8 facteurs qui influencent le plus la conservation. Une température comprise entre 4°C et 10°C avec peu d’amplitude thermique permettrait une conservation satisfaisante. Une humidité relative au-delà de 95 % pendant plusieurs jours provoquerait une accélération du pourrissement. Toutefois, le dispositif expérimental ne permettait d’évaluer l’effet de ces facteurs« toutes choses égales par ailleurs ».

14.3 Resultat de la SERAIL

En 2017, la SERAIL a conduit un essai de conservation des potimarrons avec 2 conditions de stockage comparées :

  • conservation en chambre de conservation à T = 12°C et HR< 70 %

  • conservation sous hangar non isolé avec variation de T (5 à 21 °C) et HR variable (40 à 90%)

18 modalités (dans lesquels plusieurs facteurs sont susceptibles de varier comme : l’origine des semences, les traitements des semences et le type de « curing ») d’Uchiki Kuri ont été testées et les résultats sont présentés dans (SERAIL, 2017).

Table 14.1: Voici les données sur le taux de survie des 18 modalités d’Uchiki-Kuri 4 mois après récolte (semaine d’observation non précisée)
Traitement Avec.Curing.10.jours.T.cst Avec.Curing.A0.jour.sous.pépinière.verre Total
Conservation en chambre de conservation meilleure 5/9 3/9 8/18
Conservation sous hangar meilleure 3/9 4/9 7/18
Ex equo 1/9 2/9 3/18

Je retiendrai que le taux de survie 4 mois après récolte en chambre de conservation a été meilleur dans 8 modalité sur 18 et qu’il a été meilleur en hangar dans 7 modalités sur 18. Cet essai n’a donc pas permis de distinguer ces deux méthodes de conservation du point de vue du taux de survie 4 mois après récolte. Toutefois, l’analyse est d’autant plus complexe qu’il s’agit de 18 résultats obtenus sur 18 modalités et non sur 18 répétitions de la même modalité. Par ailleurs, la dynamique de conservation n’est pas présentée dans (SERAIL, 2017), cette dynamique peut aussi avoir des conséquences économiques pour l’agriculteur. Par ailleurs, la difficulté avec les sources consultées, c’est que la date de début de conservation n’est pas indiquée. Il est donc impossible de savoir à quelle date correspondent les résultats de conservation donnés à + 4 mois. Si c’est début Janvier il est sans doute un peu tôt pour mesurer l’effet de la chambre de conservation…

En 2018, la SERAIL a reproduit son test de conservation avec les deux modalités suivantes :

  • conservation en chambre de conservation T cst 30°C (Attention sans doute une erreur de frappe => à vérifier)

  • Conservation en hangar a T variable (de 5 à 20°C) et HR variable (de 50 à 90%)

Les potimarrons suivis dans cet essai avaient préalablement subis 3 ‘’traitement de « curing » différents (absence de « curing », « curing » 10 jours à T et HR cst, « curing » 10 jours sous tunnel).

D’après (SERAL, 2018) quel que soit les traitements « curing », les résultats de conservation sont toujours meilleurs en chambre de conservation à T et HR cst qu’en hangar et cela du 3 janvier au 31 janvier.

La supériorité de la chambre de conservation sur le hangar semble se confirmer à une exception prêt tout au long de l’essai, mais cet effet positif est surtout marqué à deux moments :

  • en début de conservation (les premiers fruits commencent à pourrir 1 mois aprés les premiers fruits sous hangar)

  • à partir de Janvier ou l’écart se creuse entre le pourrissement en chambre et le pourrissement sous hangar

En chambre de conservation, les fruits se conservent d’autant mieux après début Janvier, qu’ils ont subi un « curing ».

Par ailleurs, (SERAIL, 2017) a mis en évidence que le poids moyen des fruits diminue au cours du stockage. D’après elle cala proviendrait de la transpiration. Toutefois, les résultats exposés dans les sources consultées ne permettent pas de savoir si cette perte de poids moyen provient de la transpiration ou si cela provient d’un dépérissement plus important en moyenne des fruits les plus gros.

D’après les résultats de (SERAIL, 2018) suivant les modalités, le local à température et humidités relatives contrôlées permettrait de conserver entre 15 et 35 % de potimarrons en plus, par rapport au stockage sous hangar, en fin de conservation.

14.4 Resultats de la station experimentale en maraichage des Chambres d’agriculture de Bretagne, AURAY

La 2015-2016 la Station expérimentale de maraîchage de la Chambre d’agriculture de Bretagne d’Auray a mis en place des essais sur la conservation des potimarrons (Orange summer) permettant de comparer deux conditions de stockages :

  • stockage sur palette sous hangar à température et humidité relative variables

  • Stockage en chambre de conservation à température et humidité relative régulées

D’après (Le Lan, 2016), le stockage en conditions contrôlées (T = 14°C et HR 60-75%) donne les meilleurs résultats par rapport à un stockage sous hangar à température et humidité relative variables. L’essai a été reconduit en 2016-2017. D’après (PERENNEC et LE LAN, 2018) ces résultats se confirment en 2017-2018. Les écarts de conservation entre les deux méthodes de stockages se creusent surtout à partir du 15 décembre dans les essais 2016-2017. Pour (PERENNEC et LE LAN, 2018) la conservation en chambre de conservation à température et humidité relative contrôlée a un intérêt pour les commercialisations après Noël.

D’après les résultats de (PERENNEC et LE LAN, 2018), le stockage dans un local à température et humidité relative contrôlée permettrait de conserver environ 20 % de potimarrons supplémentaires en fin de conservation.

14.5 Preconisations ITAB

D’après (ITAB, 2015), la conservation optimale des conditions précise pour prévenir les risques de pourriture : un endroit sec et aéré, une température de 12 à 15 °C et une humidité relative de 70 à 75 %, en prenant garde aux variations de températures. Dans tous les cas le local de stockage doit être hors gel. La limitation de l’humidité et de la condensation sont des facteurs de réussite.

15 Identification des champignons

(SERAIL, 2017) a identifié plusieurs champignons : Didymella bryoniae, Fusarium roseum, Fusarium equiseti, mais aussi Rhizopus sp et Colletotrichum sp.

D’après (Le Lan, 2016), 2 champignons ont été identifiés : Didymella bryoniae et Fusarium culmorum.

D’après Le Lan cité par (ROSE, 2018), ce serait Dydymella bryoniae qui est le principal responsable de la pourriture du potimarron. (BLO, 2018) a identifié que les champignons les plus fréquents sont Colletotrichum orbiculare (anthracnose – nuile rouge), Didymella bryoniae (pourriture noire – chancre gommeux), Fusarium spp. (pourriture à fusariose) et dans une moindre mesure Ulocladium sp. (pourriture à Rhizopus).

16 Liste des ouvrages et publications consultes

GRAB, 2014, Essai variétal 2014 en petite courge en culture biologique de plein champ, 2014

ITAB, 2015, Fiche potimarron, PRODUIRE DES LEGUMES BIOLOGIQUES - FICHES TECHNIQUES PAR LEGUMES, GUIDE TECHNIQUE TOME 2, 2015

LE LAN, 2016 Améliorer la conservation du potimarron, CULTURE LEGUMIERE, N°155, 2016

SERAIL, 2017 Conservation du potimarron, des pistes de travail pour expliquer les problèmes de conservation grandissants, BRASSICA Numéro 101, 2017

SERAIL, 2018, Optimisation des itinéraires culturaux et évaluation de différentes techniques pour améliorer la qualité de conservation du potimarron, BRASSICA Numéro 111, 2017

ROSE, 2018 Conservation du potimarron – Trouver les bons leviers, BIOFIL N°118, 2018

PERENNEC et LE LAN, 2018, Stratégie d’amélioration de la conservation du potimarron en AB, Journée technique ITAB, POWER POINT, 2018

DECROCK, 2018 Amélioration de la conservation des courges d’hiver, Mémoire de fin d’étude en vue de l’obtention du diplôme d’ingénieur ISA Lille, 2018

BLO, 2017 Optimiser la conservation des potimarrons biologiques, Bio Loire Océan, PDF, 2017

SERAIL 2019, Stratégie d’amélioration de la conservation des potimarrons, Journée technique du 5 mars 2019, Power Point, 2019