Conservation des potimarrons - Criblage varietal

Compte-rendu des essais 2020

Publié par Lorrain Monlyade (texte) & Robin Noel (sorties graphiques), l'équipe biodiversité, Agrobio Périgord on Thursday, December 16, 2021

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1 Situation

La situation du problème à l’origine de cet essai a été décrite par Simon Estival dans le document Projet Sélection Potimarron (voir en annexe). Je retiendrai, en les reformulant, les deux objectifs suivants :

  • Identifier les leviers permettant de conserver des potimarrons orange après décembre et dans l’idéal jusqu’à février

  • Trouver les variétés de potimarrons orange et/ou de potimarrons verts qui se conservent le plus longtemps possible, dans l’idéal jusqu’à mai-juin.

Des essais sont mis en place depuis 2017. Les résultats des années précédentes ont été exposés par Simon et sont disponibles en annexe.

2 Le protocole 2019-2020

En 2019, les essais menés visaient à mettre en évidence l’effet de plusieurs facteurs pouvant avoir un impact sur le rendement et la conservation. Voici les questions auxquelles le protocole 2019-2020 entend apporter des réponses :

  • Le local de stockage a-t-il un effet sur la conservation des potimarrons ?

  • Le séchage d’un mois sous serre a-t-il un effet bénéfique sur la conservation ?

  • Existe-t-il un effet des semenciers sur la capacité de conservation des potimarrons ?

  • La variété a-t-elle un effet sur la conservation des potimarrons ?

  • Existe-t-il un effet des pratiques de cultures des agriculteurs sur la conservation des potimarrons ?

  • Quels sont les rendements des variétés testées ?

Pour cela 6 variétés sont testées. Il y a 4 variétés orange : Red-Kuri, Fictor, Uchiki-Kuri et Solor et 2 variétés vertes/bleu-gris : Doux vert de Hokkaido et Blue-Kuri.

Les semences proviennent de 6 semenciers différents : Agrosemens, De Bolster, Germinance, Essembio, Bingenheimer Saatgut et Biaugerme.

4 locaux de stockage sont testés pour la conservation des potimarrons :

  • La grange d’Amélie, à La Daleyrie (Lanouaille) : local non isolé, sans déshumidificateur

  • La courgerie d’Amélie, à La Daleyrie (Lanouaille) : local isolé dans une ancienne grange avec déshumidificateur

  • L’ancienne courgerie de Guy, à La Gautherie (Lanouaille) local isolé, dans une ancienne grange avec déshumidificateur

  • La nouvelle courgerie de Guy, à La Gautherie (Lanouaille) : local isolé, avec déshumidificateur et spécialement conçu pour la conservation des courges

Pour l’étude du facteur conservation sous serre pendant 1 mois, les potimarrons ont été placés sur palette sous une serre type tunnel (bâche en plastique transparente).

Les potimarrons ont été cultivés par 3 agriculteurs dans 3 lieux différents avec trois itinéraires techniques différents :

  • Par Guy, à la Gautherie (Lanouaille)

  • Par Nathalie, au Boutillou (Sarlande)

  • Par Antoine (et son collègue Romain) alors en espace test chez Amélie à La Daleyre (Lanouaille)

Une présentation synthétique des itinéraires techniques de chaque agriculteur est en annexe.

A noter : chaque agriculteur a réalisé ses plants avec des dates de semis et de plantation variables entre agriculteurs. Les récoltes ont également eu lieu à des dates différentes. Malgré un protocole qui spécifiait l’écartement inter et intra-rang, il n’a pas pu être suivi par tous les agriculteurs. Le protocole prévisionnel de 2019-2020 rédigé par Simon Estival est disponible en annexe.

3 Methodes d’acquisition des donnees

3.1 Mesure du pourrissement

Afin de répondre aux questions sur la conservation des potimarrons, le nombre de potimarrons pourris a été compté toutes les deux semaines à partir de la date du stockage. Les potimarrons pourris sont jettés. Par pourri on entend impropre à la commercialisation à Biocoop.

3.2 Mesure du rendement

Pour mesurer le rendement, 3 mesures ont été réalisées à la récolte par Simon chez Antoine et chez Nathalie au moment de la récolte :

  • le nombre de potimarron par pied

  • le nombre de pieds par modalité

  • le poids de la récolte par pied

En 2019-2020, le poids de chaque potimarron n’a pas été mesuré.

Sur le rendement, les données ne sont pas disponibles pour les modalités cultivées chez Guy car Simon n’a pas participé à la récolte.

3.3 Autres donnees disponibles

Sont aussi disponibles, pour chaque modalité, la température et l’humidité relative du local de stockage des potimarrons pendant la phase de conservation.

Température et humidité ont été relevées automatiquement par un LogTag.

4 Detail des modalites testees et des donnees disponibles en 2019-2020

Chaque modalité est caractérisée par :

  • une variété

  • un semencier

  • l’agriculteur qui a cultivé les potimarrons de cette variété

  • le local de stockage des potimarrons.

Le tableau 4.1 décrit les modalités mises en place permettant d’étudier les effets des facteurs listés ci-dessus sur la conservation et le rendement des potimarrons.

Exemple de lecture du tableau : La variété Red-Kuri provenant d’Essembio a été cultivée par Antoine et stockée dans l’ancienne chambre de conservation de Guy. La variété Red-Kuri provenant d’Essembio a également été cultivée par Guy et conservée dans le même local.

Par la suite pour alléger l’écriture nous écrirons red-kuri_germinance_guy_guy_nouvelle pour nommer la modalité : potimarrons Red-Kuri issus des semences de Germinance cultivés par Guy et conservés dans la nouvelle chambre de conservation de Guy.

Table 4.1: Détail des modalités testées
Variete Semencier Cultivé.par Stocké.chez Chambre Mesures.pour.la.conservation Mesures.pour.le.rendement
Blue Kuri Bingenheimer Saatgut Nathalie Guy Ancienne x x
Dou vert d’Hokkaïdo Germinance Guy Guy Ancienne x
Dou vert d’Hokkaïdo Germinance Nathalie Guy Ancienne x x
Fictor De Bolster Antoine Guy Ancienne x x
Fictor De Bolster Nathalie Guy Ancienne x x
Red Kuri Essembio Antoine Guy Ancienne x x
Red Kuri Essembio Guy Guy Ancienne x
Red Kuri Agrosemens Antoine Guy Ancienne x x
Red Kuri Biaugerme Antoine Guy Ancienne x x
Red Kuri Bingenheimer Saatgut Antoine Guy Ancienne x x
Red Kuri Germinance Antoine Guy Ancienne x x
Red Kuri Germinance Guy Amélie Courgerie x
Red Kuri Germinance Guy Amélie Grange x
Red Kuri Germinance Guy Guy Ancienne x
Red Kuri Germinance Guy Guy Nouvelle x
Red Kuri Germinance Nathalie Guy Ancienne x x
Red Kuri Germinance Guy Amélie Courgerie après 1 mois de serre x
Solor De Bolster Nathalie Guy Ancienne x x
Uchiki Kuri Agrosemens Nathalie Guy Ancienne x x

5 Vigilance sur certaines modalites : quelques limites liees au dispositif experimental

5.1 Retour sur la culture et la recolte

En expérimentations paysannes (comme en expérimentation de station), les différences observées entre modalités cultivées chez un même agriculteur peuvent provenir non du facteur étudié mais de l’hétérogénéité des conditions de cultures, elles même liées à une hétérogénéité de la parcelle ou aux pratiques des agriculteurs. Il existe des moyens de surmonter cette difficulté dans la conception du plan d’expérimentation et le traitement statistique (dispositifs en bloc). Mais ce qui compte surtout c’est l’observation. Il faut repérer les signes d’hétérogénéités qui pourraient fausser l’interprétation des résultats et il faut redoubler de prudence au moment de cette interprétation.

Les itinéraires de culture de chaque agriculteur sont disponibles en annexe, mais ils sont diversement incomplets. Il est à noter des différences importantes dans les itinéraires de culture entre les agriculteurs sur les points suivants :

  • les dates de plantation

  • les écartements

  • l’irrigation

  • la fertilisation

  • les dates de récolte

Ces différences pourraient avoir un effet sur la conservation et le rendement, comme semble l’indiquer la bibliographie (la revue bibliographique est disponible ici (à venir)). En particulier, les dates de récolte entre Guy d’une part et Nathalie et Antoine d’autre part varient d’environ 2 semaines. La bibliographie laisse penser que cette différence pourrait avoir un effet non négligeable sur la conservation. Par ailleurs, ce décalage dans les dates de récolte peut poser des problèmes de représentation des données. Afin de les surmonter, nous avons décidé de représenter le taux de survie des potimarrons non en fonction de la date de l’observation mais de la durée entre la récolte et la perte. Notée durée récolte-perte, elle est exprimée en jours.

Les plans de culture chez Nathalie et Antoine sont disponibles en annexe. Celui de Guy n’est pas connu.

Les itinéraires techniques transmis par Simon et par les agriculteurs ne sont pas toujours concordants (notamment sur la date de récolte et l’écartement).

5.2 Retour sur le stockage

Il est à noter, pour les modalités red-kuri_germinance_guy_amelie_courgerie et red-kuri_germinance_guy_amelie_courgerie après 1 mois de serre, qu’il y a un problème de continuité des conditions de conservation. Arrêt du déshumidificateur et ouverture des portes de la chambre de conservation entre le 09/01 et 22/01.

Le nombre de potimarrons suivis pour la conservation est variable suivant les modalités : de 13 (pour fictor_de bolster_nathalie_guy_ancienne) à 22. Toutefois, il est le plus souvent égal à 21 ou 22.

5.3 Sur quels criteres juger les resultats de conservation ?

Avant de se lancer dans l’interprétation des résultats il est bon de s’interroger sur les critères d’après lesquels nous allons juger les modalités.

Doit-on privilégier le taux de survie à la date de la dernière observation ? Ou faut-il s’intéresser au taux de survie à une autre date antérieure ? Par ailleurs, l’observation des modalités à une date donnée ne renseigne pas sur la dynamique de la conservation. Deux modalités donnant le même taux de survie en fin d’essai peuvent avoir des dynamiques très différentes et cela a des conséquences économiques importantes pour l’agriculteur. Pour illustrer ce propos, on peut se reporter à la représentation des résultats des deux modalités : doux-vert-d-hokkaido_germiance_guy_guy_ancienne et red-kuri_germinance_guy_guy_ancienne (graphique 6.6)

Afin de juger les résultats de chaque modalité nous retiendront de façon synthétique, 3 indicateurs :

  • la durée de stockage après récolte à laquelle la modalité commence à pourrir (à 10% de perte) exprimée en jours

  • la durée de stockage après récolte à laquelle la modalité atteint 50% de perte exprimée en jours

  • le taux de survie à 144 jours de stockage après récolte de la modalité, exprimé en % de potimarrons restants

6 Presentation des resultats et discussions

6.1 Vision d’ensemble des donnees

6.1.1 Résultats sur la conservation 2019-2020

Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte

Figure 6.1: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte

La première chose, c’est que les modalités ont des comportements très différents, laissant penser que les différents facteurs étudiés ont bien des effets sur la conservation.

Ensuite, il est possible de décrire cette variabilité d’après les trois indicateurs synthétiques retenus ci-dessus :

  • Le taux de survie à 144 jours après récolte est très variable, allant de 0% (pour la modalité fictor_de-bolster_nathalie_guy_ancienne ) à plus de 50 % (pour la modalité red-kuri_germinance_guy_guy_nouvelle)

  • La durée de stockage après récolte à laquelle les modalités atteignent 10% de perte est très variable aussi : plus de 90 jours d’écart entre la meilleur modalité (red-kuri_germinance_guy_amelie_courgerie atteignant 10 % de perte au bout de 109 jours) et la moins bonne (doux-vert-d-hokkaido_germinance_guy_guy_ancienne atteignant 10% de perte au bout de 13 jours seulement)

  • La durée de stockage après récolte à laquelle les modalités atteignent 50 % de perte est aussi très variable, mais plus restreinte… Comme si il y a avait un goulet d’étranglement dans la dynamique du dépérissement des potimarrons.

Les classements des modalités d’après ces trois critères ne sont pas unanimes. Ce qui traduit le fait que la dynamique de dépérissement n’est pas la même entre les modalités.

Sur la dynamique, les variétés Doux-vert de Hokkaido et Blue-Kuri ont un comportement plus ou moins similaire : elles pourrissent rapidement, puis se stabilisent.

Quel que soit l’indicateur retenu c’est la modalité red-kuri_germinance_guy_guy_nouvelle qui a les meilleurs résultats. Nous essayerons de voir s’il est possible de savoir quel facteur explique cette différence.

D’après les trois critères synthétiques retenus, la modalité fictor_de-bolster_nathalie_guy_ancienne peut être considérée comme la moins bonne. Nous essayerons de voir quel facteur permet d’expliquer ce résultat.

Voici les modalités classées suivant les indicateurs synthétiques :

Table 6.1: Légende
Numero Modalite Numero_ Modalite_
1 blue-kuri_bingenheimer-saatgut_nathalie_guy_ancienne 11 red-kuri_germinance_antoine_guy_ancienne
2 doux-vert-d-hokkaido_germinance_guy_guy_ancienne 12 red-kuri_germinance_guy_amelie_courgerie
3 doux-vert-d-hokkaido_germinance_nathalie_guy_ancienne 13 red-kuri_germinance_guy_amelie_courgerie_serre
4 fictor_de-bolster_antoine_guy_ancienne 14 red-kuri_germinance_guy_amelie_grange
5 fictor_de-bolster_nathalie_guy_ancienne 15 red-kuri_germinance_guy_guy_ancienne
6 red-kuri_agrosemens_antoine_guy_ancienne 16 red-kuri_germinance_guy_guy_nouvelle
7 red-kuri_biaugerme_antoine_guy_ancienne 17 red-kuri_germinance_nathalie_guy_ancienne
8 red-kuri_bingenheimer-saatgut_antoine_guy_ancienne 18 solor_de-bolster_nathalie_guy_ancienne
9 red-kuri_essembio_antoine_guy_ancienne 19 uchiki-kuri_agrosemens_nathalie_guy_ancienne
10 red-kuri_essembio_guy_guy_ancienne 20

6.1.2 Que disaient les résultats 2017-2018 et 2018-2019 ?

En 2017-2018 et 2018-2019 il y avait des modalités qui dépérissaient très vite, atteignant plus de 50 % de perte en moins de 2 mois à partir de la récolte. C’est différences avaient été attribuées au facteur variété et les ces variétés moins bonnes (Amoro-F1, Red-Kuri de chez KCB ou encore Greenwich) n’avaient pas été reconduites.

En 2018-2019, aucune modalité n’avait survécu après la 1er quinzaine de mars.

6.1.3 En guise de conclusion

En 2019-2020 on n’observe pas les dynamiques de dépérissement très mauvaises comme en 2017-2018 ou 2018-2019. Cela laisse penser que le travail entrepris depuis 2017 pour sélectionner variétés, semenciers et pratiques agricoles optimisant la conservation des potimarrons a porté ses fruits.

6.2 Le local de stockage a-t-il un effet sur la conservation des potimarrons ?

6.2.1 Hypothèse 1

La première hypothèse faite par les agriculteurs et Simon est que les chambres de conservation à température et humidité relative régulées conservent mieux les potimarrons.

Résultats 2019-2020 :

J’utilise les 4 modalités suivantes pour évaluer l’effet du local de conservation car, a priori, seul le local de conservation change entre ces modalités, les autres facteurs pouvant influencer la conservation (variété, semencier, agriculteur) sont identiques ici :

  • Red-Kuri_Germinance_Guy_Guy_Ancienne

  • Red-Kuri_Germinance_Guy_Amélie_Courgerie

  • Red-Kuri_Germinance_Guy_Amélie_Grange

  • Red-Kuri_Germinance_Guy_Guy_Nouvelle

D’après le graphique 6.2, il semblerait que ce soit les potimarrons stockés dans la nouvelle chambre de conservation de Guy qui aient les meilleurs résultats de conservation. Ils décrochent un peu plus tôt que ceux conservés dans la courgerie d’Amélie, mais dans la durée, ils ont un meilleur résultat. Après 144 jours de stockage, il reste plus de 50 % des stocks !

La conservation en grange d’Amélie a les moins bons résultats après 144 jours de stockage.

Les potimarrons stockés dans la courgerie d’Amélie et dans la chambre de conservation de Guy semblent avoir un comportement similaire après 120 jours de stockage. Avant, l’avantage semble aller à la courgerie d’Amélie.

Toutefois, pendant près de 2 mois après le début du stockage il n’y a pas de différences entre les modalités.

Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet du lieu de stockage

Figure 6.2: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet du lieu de stockage

Table 6.2:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
red-kuri_germinance_guy_guy_nouvelle 64 - 98
red-kuri_germinance_guy_amelie_courgerie 50 144 109
red-kuri_germinance_guy_guy_ancienne 45 142 90
red-kuri_germinance_guy_amelie_grange 10 120 83
Les gros points représentent la température et l'humidité moyenne du local de conservation sur la période de conservation et les éllipses représentent les écarts de températures et d'humidté sur cette même période de conservation

Figure 6.3: Les gros points représentent la température et l’humidité moyenne du local de conservation sur la période de conservation et les éllipses représentent les écarts de températures et d’humidté sur cette même période de conservation

Attention, dans le graphique 6.2 les résultats de la courgerie d’Amélie ont été calculés sur les données du 30 septembre 2019 au 8 janvier 2020, alors que pour les autres locaux les valeurs ont été calculées du 30 septembre 2019 à fin février 2020. En effet, le déshumidificateur a été coupé et les portes ouverts après la notation du 8 Janvier 2020 car Amélie avait commercialisée toutes ses courges.

Dans la grange d’Amélie, comme on pouvait s’y attendre les variations de température et d’humidité relative sont très importantes. Il a même gelé. La température moyenne est bien en dessous de ce que préconise la bibliographie pour la conservation des courges. De même, l’humidité relative moyenne est bien au dessus de ce que j’ai trouvé dans la bibliographie.

On se rend compte que la chambre de conservation qui a les meilleurs résultats est aussi celle qui a l’humidité relative moyenne la plus faible. Cela semble en accord avec la bibliographie. Toutefois, comme la température moyenne est aussi différente, il est difficile de dire lequel de ces deux facteurs est prépondérant.

6.2.2 Que disent les résultats 2018-2019 ?

Contrairement à cette année, le dispositif expérimental de l’an dernier ne permettait pas de mettre clairement en évidence l’effet du local de stockage sur la conservation.

6.2.3 Que dit la bibliographie ?

Le local de stockage a-t-il un effet sur la conservation des potimarrons ?

Oui, il semblerait d’ailleurs que parmi tous les facteurs qui influencent la conservation, le local de stockage ait l’effet le plus marqué sur la conservation des potimarrons. Cependant, la différence de conservation des potimarrons entre une chambre de conservation à température et humidité relative contrôlées et un local non isolé type hangar serait plus marquée, semble-t-il, à partir de Janvier (ou + 4 mois de stockage après récolte). Voir notamment (Le Lan, 2016), (Rose, 2018), (SERAIL, 2018) et (SERAIL, 2019)

Les températures de conservation préconisées sont variables et comprises entre 4°C minimum et 18°C mais le plus souvent entre 10°C et 14°C semble-t-il. Il se pourrait aussi que l’absence de variation de température pendant le stockage soit aussi importante que la température moyenne de consigne. Voir notamment (Le Lan, 2016), (Rose, 2018), (SERAIL, 2018), (SERAIL, 2019), (DECROCK, 2018) et (BLO, 2017).

Enfin, l’humidité pendant le stockage semble jouer un rôle important dans la conservation des potimarrons. Une humidité relative de plus 95 % pourrait être préjudiciable. Les meilleurs résultats de conservation semblent être obtenus lorsque, en plus de la température, l’humidité relative est contrôlée et comprise entre 60 à 70 % pendant le stockage. Le déshumidificateur pourrait ne pas être suffisant et un système de ventilation pourrait être très utile. Selon moi cela dépend de la taille, de l’agencement des locaux de stockage et de la puissance des déshumidificateurs. Voir notamment (Le Lan, 2016), (Rose, 2018), (SERAIL, 2018), (SERAIL, 2019), (DECROCK, 2018) et (BLO, 2017).

A noter que le conditionnement a aussi son importance. Placer les pédoncules vers le haut permettrait aux potimarrons de mieux respirer. En respirant, ils évacuent de l’eau et régulent le taux de glucose, ce qui permettrait d’accroitre leur durée de conservation. Voir (DECROCK, 2018).

6.2.4 Hypothèse 2

Par ailleurs, une autre hypothèse était faite sur le local de conservation : il existerait un « plateau de conservation » lorsque les potimarrons sont conservés en chambre de conservation à température régulée.

Les résultats de l’essai 2018-2019 laissaient penser que la date des premiers dépérissements des premiers potimarrons était retardée lorsque les potimarrons étaient conservés en chambre de conservation à température régulée. Sur la courbe de dépérissement apparaissait un « plateau de conservation » dans ce cas.

En utilisant les mêmes modalités que ci-dessus et en considérant la durée de stockage après récolte à laquelle les 10 % de perte sont atteints, les résultats 2019-2020 (voir tableau 5) pourraient confirmer ce résultat sans être toutefois vraiment très marqué. En revanche, ce qui semble net en 2019-2020, c’est qu’une fois que les potimarrons commencent à périr, ils pourrissement plus vite dans la grange d’Amélie que dans les autres locaux de conservation (voir graphique 2 ci-dessus).

6.2.5 En guise de conclusion

Je retiendrai que la nouvelle chambre de conservation de Guy a le meilleur résultat de conservation pour les potimarrons Red-Kuri de chez Germinance cultivés par Guy en 2019-2020. Mais ce bon résultat se serait-il reproduit avec d’autres variétés ou avec des courges cultivées par d’autres agriculteurs ? Le dispositif expérimental de 2019-2020 ne permet pas de répondre à cette question.

Il se pourrait que les meilleures performances de conservation dans la nouvelle courgerie de Guy s’expliquent par une humidité relative moyenne plus basse que dans les autres modalités. La chambre de conservation à température et humidité relative régulée se justifie surtout pour les agriculteurs qui souhaitent commercialiser leurs potimarrons au-delà de Janvier.

6.3 Le séchage d’un mois sous serre a-t-il un effet bénéfique sur la conservation ?

L’hypothèse testée ici est la suivante : laisser les courges 1 mois sous serre avant de les stocker serait bénéfique à la conservation.

6.3.1 Résultats 2019-2020 :

Afin de répondre à cette question j’utilise les résultats des deux modalités suivantes :

  • Amélie courgerie milieu : Red-Kuri_Germinance_Guy_Amélie_Courgerie après 1 mois sous serre

  • Amélie courgerie haut : Red-Kuri_Germinance_Guy_Amélie_Courgerie

Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet du séchage en serre

Figure 6.4: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet du séchage en serre

La modalité qui n’a pas subi de séchage sous serre pendant 1 mois présente les meilleurs résultats de conservation quel que soit l’indicateur regardé. Je noterai que les courbes sont quasi parallèles. On peut faire l’hypothèse que le séchage sous serre a diminué d’environ 30 jours la capacité moyenne de conservation des potimarrons.

Table 6.3:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
red-kuri_germinance_guy_amelie_courgerie 50 144 109
red-kuri_germinance_guy_amelie_courgerie_serre 35 125 76

A noter qu’entre le 9 et le 22 Janvier (aux alentours de 140 jours de stockage après récolte) les conditions de conservation ont changé. Amélie ayant fini de commercialiser ses potimarrons, elle a arrêté le déshumidificateur et ouvert les portes de sa courgerie (à 140 jours environ). Il semblerait que cela ait eu un effet sur la dynamique de conservation : le pourrissement s’accélère après cet événement (la pente des courbes plonge à partir de 140 jours). Il semblerait aussi que cela ait affecté les 2 modalités de la même façon.

Le tableau suivant présente les données de suivi températures et humidité relative pendant la période de séchage sous tunnel.

Table 6.4: Conditions de température et humidité dans la serre
X. Température Humidité
minimum 2.5 33.6
maximum 31.3 100.0
moyenne 14.3 82.2

6.3.2 Que disent les résultats 2018-2019 ?

En 2018-2019, il y avait bien des modalités conservées après séchage sous serre de 1 mois, mais le dispositif expérimental ne permettait pas de conclure sur l’effet de ce facteur sur le pourrissement des potimarrons.

6.3.3 Que dit la bibliographie ?

L’étape de séchage des potimarrons avant leur stockage est souvent nommée « curing » dans la bibliographie. Le « curing » a-t-il un effet sur la conservation ? Oui, mais il faut être plus précis. Il faut tenir compte de trois choses : le type de « curing » (a-t-il lieu sous tunnel à température et humidité relative variable, dans une chambre de conservation à température contrôlée uniquement ou dans une chambre de conservation à température et humidité relative contrôlée), le type de stockage après le « curing » et la date à laquelle on fait les observations (avant ou après Janvier).

Dans la première semaine de stockage après « curing », si les potimarrons sont stockés sous hangar, il semblerait que le « curing » (qu’il ait lieu sous tunnel ou en chambre de conservation) face pourrir les premiers potimarrons plus tôt que lorsqu’ils n’ont pas subi de « curing » : jusqu’à deux mois d’écart sur l’apparition des premières pertes. Voir (SERAIL, 2018).

Si on s’intéresse aux performances de conservation en Décembre, il semblerait qu’un « curing » de 10 jours sous tunnel produise les meilleurs résultats quel que soit le mode de stockage qui lui succède (hangar ou chambre climatique). Il se pourrait même que le « curing » 10 jours en chambre climatique à 30°C précédant un stockage sous hangar soit pire que l’absence de « curing ». Voir à ce sujet (LE LAN, 2016), (ROSE, 2018) et (SERAIL, 2018).

A partir de Janvier, il semblerait que ce soit surtout le local de stockage qui soit très déterminant, avec une supériorité d’efficacité du stockage en chambre de conservation à température et humidité relative contrôlées sur le stockage sous hangar (voir partie sur le local de conservation pour les détails). En effet, lorsque les potimarrons sont stockés sous hangar, aucune méthode de « curing » ne semble se distinguer : l’effet du « curing » ne parvient certainement pas à compenser l’effet du local de stockage. En revanche, si les potimarrons sont stockés en chambre de conservation à température et humidité relative contrôlées, un « curing » 10 jours à température et humidité relative contrôlées semblerait plus efficace pour la conservation qu’un « curing » sous tunnel. Voir notamment surtout (LE LAN, 2016), (ROSE, 2018), (SERAIL, 2017) et (SERAIL, 2018).

Il semblerait, et je tiens à insister, que le seul contrôle de la température pendant la phase de « curing » ne suffise pas. Il se pourrait que les conditions d’humidité soient déterminantes. Il se pourrait que le « curing » n’ait un effet que s’il permet effectivement d’évacuer l’eau des potimarrons (eau produite par transpiration et respiration). Or cette évacuation effective dépend de deux choses. D’une part elle est influencée par les dispositifs d’aération, de déshumidification, de ventilation et de chauffage utilisés pendant le « curing ». D’autre part elle dépend de la capacité du potimarron à transpirer (un pédoncule encore vert, long et placé vers le haut serait favorable). Ce sont bien ces deux conditions qui doivent être réalisées en même temps pour garantir l’efficacité du « curing ». Les documents consultés pour la revue bibliographique ne permettent pas de dire si un « curing » à température et humidité relative contrôlées, réalisé dans les conditions optimales permettrait d’accroitre la conservation des potimarrons récoltés en sur-maturité. Je ne suis pas certain qu’un « curing », aussi bien conduit soit-il, permette de compenser l’effet d’une récolte faite au mauvais stade.

Enfin, même dans le cas d’un stockage en chambre de conservation, il semblerait que la supériorité de la méthode « curing » de 10 jours à température et humidité relative contrôlées ne soit pas claire et nette. Or cette méthode, potentiellement plus coûteuse en énergie, semble aussi faire perdre plus de poids en moyenne aux potimarrons… Il faut absolument se demander si la quantité de potimarrons sauvés et les quantités vendues grâce à cette méthode compensent les coûts d’investissement dans l’infrastructure qu’elle demande !

6.3.4 En guise de conclusion

La pratique testée a affecté négativement la capacité de conservation des potimarrons. Toutefois, la pratique adoptée ne correspond pas à ce qui est habituellement recommandé pour le séchage des potimarrons avant conservation. On peut noter trois différences importantes d’avec la préconisation issues de la bibliographie :

  • la durée du séchage : 1 mois au lieu de 10 jours

  • la température de séchage : température de 14°C de moyenne variant de 2,5°C à 31,3°C au lieu d’une température régulée aux environs de 30°C

  • le contrôle de l’humidité relative

6.4 Existe-t-il un effet des semenciers sur la capacite de conservation des potimarrons ?

L’hypothèse faite ici est la suivante : sur des populations, contrairement aux hybrides, il est possible de sélectionner les individus qui se conservent le plus longtemps. Il semblerait que certains semenciers (comme Germinance , Le Biau Germe et Bingenheimer) prennent en compte ce critère au moment de choisir les individus qui fourniront les graines de leurs lots de semences.

Remarque : Simon disait que l’effet semencier était un effet souche, mais il n’est pas impossible que d’autres effets se manifestent. Il se peut très bien que la qualité sanitaire des lots ne soit pas la même entre les semenciers (voir bibliographie en annexe).

6.4.1 Résultats 2019-2020

Pour savoir si la provenance des semences a un effet sur la conservation on peut utiliser les modalités de Red-Kuri cultivées par Antoine car seule l’origine des lots (le semencier) change. Tous les autres facteurs sont égaux :

  • Red-Kuri_Germinance_Antoine_Guy_Ancienne

  • Red-Kuri_Essembio_Antoine_Guy_Ancienne

  • Red-Kuri_BiaugermeAntoine_Guy_Ancienne

  • Red-Kuri_Bingenheimer Saatgut_Antoine_Guy_Ancienne

  • Red-Kuri_Agrosemens_Antoine_Guy_Ancienne

Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet semencier

Figure 6.5: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet semencier

Table 6.5:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
red-kuri_bingenheimer-saatgut_antoine_guy_ancienne 32 118 74
red-kuri_germinance_antoine_guy_ancienne 30 123 72
red-kuri_agrosemens_antoine_guy_ancienne 32 122 69
red-kuri_essembio_antoine_guy_ancienne 14 97 69
red-kuri_biaugerme_antoine_guy_ancienne 41 127 63

La modalité Essembio présente les moins bons résultats de conservation que ce soit le taux de survie à 144 jours de stockage ou que ce soit la durée de stockage après récolte à laquelle la modalité atteint 50 % de perte. C’est à 75 jours de stockage après la récolte que cette modalité décroche.

Les autres modalités de Red-Kuri peuvent être classées différemment suivant l’indicateur synthétique de conservation regardé. A 144 jours de stockage après récolte la modalité issue des semences de Biaugerme a eu le meilleur résultat. Si on observe les courbes, la modalité issue des semences de Germinance présente une plus grande stabilité de conservation entre 75 et 100 jours (la courbe verte fait une bosse), ce qui signifie que l’agriculteur pourra vendre plus de potimarrons pendant cette période avec cette variété.

Les modalités de Red-Kuri issue des deux autres semenciers (Bingenheimer saatgut et Agrosemens) ne sont pas mauvais non plus et peuvent avoir de meilleurs résultats que celles issues de Biaugerme ou Germinance, tout dépend de ce que l’on regarde.

A ce stade il faut faire une remarque importante. En condition d’expérimentation paysanne, les résultats observés chez un même agriculteur peuvent être influencés par l’hétérogénéité parcellaire. Chez Antoine, d’après Simon, les conditions de culture de chaque modalité semblent homogènes à l’exception toutefois du nombre de pieds par modalité variant du simple au quadruple (voir plan de culture en annexe). Les modalités suivantes présentent le nombre de pieds le plus faible, les rendant plus sensibles à d’éventuelles hétérogénéités de parcelle :

  • Red-Kuri_Bingenheimer Saatgut_Antoine_Guy_Ancienne

  • Red-Kuri_Germinance_Antoine_Guy_Ancienne

  • Red-Kuri_Essembio_Antoine_Guy_Ancienne

La mauvaise performance de la modalité issue d’Essembio est-elle due à cette différence ?

Pour discuter cette question il est possible de regarder ce qui se produit chez d’autres agriculteurs. En 2019-2020 seules deux modalités cultivées par Guy permettent aussi de répondre à la question de l’effet des semenciers sur la conservation. Il s’agit des modalités :

  • Red Kuri_Essembio_Guy_Guy_Ancienne

  • Red-Kuri_Germinance_Guy_Guy_Ancienne

Les modalités cultivées chez Nathalie ne le permettent pas car variétés et semenciers varient en même temps. En lisant le graphique @(fig:CONSRTG5), je constate que la mauvaise performance d’Essembio se répète aussi chez Guy.

Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet du lieu de stockage

Figure 6.6: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet du lieu de stockage

Comme pour Antoine, il faut se demander si l’hétérogénéité parcellaire ne pourrait pas expliquer ces résultats. Chez Guy, nous n’avons ni le détail du plan de culture, ni le détail d’observations (modalités suivies par Guy et non par Simon), mais Simon estime que c’est chez Guy que les modalités ont des conditions de cultures les plus homogènes en raison d’un itinéraire type légumes de plein champ.

6.4.2 Que disent les résultats 2018-2019 ?

En 2018-2019 il était possible de comparer les résultats de conservation entre Red-Kuri Germinance et Red-Kuri Essembio chez Guy et chez Nathalie. Dans les deux cas et quel que soit l’indicateur retenu, Red-Kuri de chez Essembio avait de moins bon résultats de conservation. L’essai 2019-2020 confirme donc les résultats de l’essai 2018-2019 : 4 fois la conservation de Red-Kuri_Essembio a été comparée à la conservation de Red-Kuri_Germinance et 4 fois Essembio a eu de moins bons résultats.

La même année, les potimarrons Red-Kuri de chez KCB ont présenté une très mauvaise conservation (plus mauvaise encore que ceux issus d’Essembio) sur les deux fermes qui l’ont cultivé. Red-Kuri de chez KCB n’a pas été réintroduit dans les essais 2019-2020. En 2018, la variété Fictor de KCB s’était moins bien conservée que la variété Fictor de chez Debolster.

6.4.3 Que dit la bibliographie ?

Je n’ai pas trouvé de bibliographie qui ait explicitement cherché à répondre à cette question. Il y a souvent plusieurs facteurs qui changent en même temps rendant les interprétations des résultats difficiles.

On trouvera dans (SERAIL, 2017) des essais visant à qualifier l’état sanitaire des semences en fonction du semencier.

6.4.4 En guise de conclusion

Sur Red-Kuri, il semblerait qu’en 2019-2020 les semences d’Essembio soient de qualité inférieure sur la conservation. Germinance semble confirmer sa capacité à fournir des lots de semences qui produisent des potimarrons qui se conservent bien. Les semences de Biaugerme mais aussi de Bingenheimer et Agrosemens semblent intéressantes pour la conservation.

Le dispositif expérimental ne permet pas de tirer de conclusions sur l’effet du semencier pour les autres variétés.

6.5 La variete a-t-elle un effet sur la conservation des potimarrons ?

L’hypothèse faite ici c’est que toutes les variétés ne se conservent pas de la même façon. L’autre hypothèse c’est que, parmi les potimarrons orange, Red-Kuri a de meilleurs résultats de conservation.

6.5.1 Partie I_Etude des potimarrons orange

6.5.1.1 Résultats 2019-2020

Pour répondre à la question de l’effet de la variété j’utiliserai dans un premier temps les résultats des modalités cultivées chez Nathalie car c’est Nathalie qui a cultivé le plus grand nombre de variétés différentes. Je parlerai des variétés-semenciers car, dans le dispositif expérimental de 2019-2020, pour les modalités cultivées par Nathalie, il n’est pas possible de distinguer l’effet de ces deux facteurs sur la conservation. Voici les modalités à comparer :

  • Red-Kuri_Germinance_Nathalie_Guy_Ancienne

  • Fictor_De Bolster_Nathalie_Guy_Ancienne

  • Solor_De Bolster_Nathalie_Guy_Ancienne

  • Uchiki Kuri_Agrosemens_Nathalie_Guy_Ancienne

Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet de la variété

Figure 6.7: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet de la variété

Il semblerait que red-kuri_germinance et solor_de bolster aient une dynamique de conservation très similaire lorsqu’elles sont cultivées par Nathalie. Ils se conservent bien les 120 premiers jours de stockage, bien mieux que les deux autres variétés-semenciers orange cultivées par Nathalie.

Fictor_de boster cultivée par Nathalie se conserve nettement moins bien que les autres variété-semenciers cultivées par Nathalie. Cependant, comme le montre le tableau 6.6 ci-dessous, le mauvais résultat de conservation de fictor_de bolster cultivée par Nathalie, ne se reproduit pas lorsque cette même variété-semencier a été cultivée par Antoine (voir la modalité fictor_de bolster_antoine dans le graphique 6.5 présenté ci-dessus). Lorsque fictor_de bolster est cultivée par Antoine, elle se conserve aussi bien que les meilleures modalités de Red-Kuri cultivées par Antoine (voir graphique 6.5).

Table 6.6:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
fictor_de-bolster_antoine_guy_ancienne 32 125 57
fictor_de-bolster_nathalie_guy_ancienne 0 104 26

Est-ce Antoine qui, par ses pratiques culturales, réussit à gommer une éventuelle moins bonne performance de fictor_de bolster sur la conservation ? Ce n’est pas impossible (et nous en rediscuterons dans la partie sur l’effet des pratiques des agriculteurs sur la conservation des potimarrons), mais ce n’est pas la seule explication.

Comme je l’ai fait plus haut chez Antoine et Guy, il faut se demander si les résultats observés ne sont pas dû à une hétérogénéité de la parcelle. Or, plusieurs indices laissent penser que toutes les modalités cultivées chez Nathalie n’ont pas connu les mêmes conditions de cultures :

  • Les potimarrons de la modalité Fictor_De Bolster_Nathalie_Guy_Ancienne me paraissent anormalement petits et déshydratés. Le poids moyen des potimarrons de cette modalité est très faible et Simon pense se souvenir de pieds chétifs sur cette modalité. Cela pourrait être dû à la variété, mais dans ce cas l’autre modalité de Fictor (Fictor_De Bolster_Antoine_Guy_Ancienne) devrait aussi présenter des potimarrons petits et déshydratés or ce n’est pas le cas. Cela pourrait aussi être dû aux pratiques agricoles de Nathalie, mais dans ce cas, tous les potimarrons de Nathalie devraient être petits et déshydratés, or ce n’est pas le cas

  • Les potimarrons de la modalité Uchiki-Kuri_Agrosemens_Nathalie_Guy_Ancienne ont été cultivés en bout de lignes, suivant un principe différent des autres modalités

  • Pour chaque modalité cultivée par Nathalie, des pieds ont été plantés le 25/05 et d’autres le 11/06, or ils ont été récoltés au même moment, induisant sans doute des différences de maturité à la récolte. Or la bibliographie semble indiquer d’une part qu’il pourrait y avoir un impact de la date de plantation sur le rendement et la conservation, et d’autre part qu’il y a un impact de la maturité à la récolte sur la conservation.

  • Chez Nathalie, le nombre de pieds par modalité varie du simple au triple. La modalité Fictor_De Bolster_Nathalie_Guy_Ancienne présente le nombre de pieds le plus faible, ce qui rend les résultats de cette modalité plus sensible à une éventuelle hétérogénéité du sol.

Pour toutes ces raisons, il ne me semble pas possible de conclure fermement sur l’effet des variété-semenciers sur la conservation des potimarrons cultivés par Nathalie.

Uchiki-kuri_agrosemens cultivée par Nathalie se comporte moins bien que les autres modalités cultivées par Nathalie sur les 120 premiers jours de conservation. Il n’est malheureusement pas possible de savoir si ce résultat se reproduit chez d’autres agriculteurs car aucun autre agriculteur n’a cultivé uchiki-kuri_agrosemens. Par ailleurs, compte tenu ce que j’ai exposé ci-dessus, je soupçonne que la modalité uchiki-kuri_agrosemens_nathalie ait connu des conditions de cultures trop particulaires pour pouvoir tirer des conclusions sur ses performances de conservation.

Revenons sur solor_de bolster_nathalie qui a eu d’aussi bons résultats que red-kuri_germinance_nathalie. Cependant, il aurait était utile de pouvoir comparer les résultats de conservation obtenus par d’autres agriculteurs sur solor_de bolster afin de voir si ce résultat se confirme, mais c’est impossible car aucun autre agriculteur n’a cultivé cette variété-semencier.

Si l’on veut se faire une idée de la performance de conservation de solor_de bolster_nathalie, on peut regarder ses performances de conservation sur les 100 premiers jours après récolte. La modalité a de bons résultats sur cette période, solor_de bolster_nathalie se conserve mieux que red-kuri_agrosemens_antoine par exemple (voir graphiques 6.5 et 6.7 et le tableau 6.7).

Table 6.7:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
solor_de-bolster_nathalie_guy_ancienne 18 126 74
red-kuri_agrosemens_antoine_guy_ancienne 30 122 69

6.5.1.2 Que disent les résultats 2017-2018 et 2018-2019 ?

En 2018-2019, les variétés Red-Kuri (Germinance), Fictor (Agrosemens) et Lespagnol (une variété paysanne conservée par un agriculteur de Haute-Vienne) semblent se conserver de la même manière (la variété Lespagnol pourrait se conserver un petit peu moins bien). La variété Amoro-F1 (Debolster) et Golden-hubard (Sativa) ne s’étaient, quant à elles, pas du tout bien conservées. Fictor (Debolster), Solor (Debolster) et Uchiki-kur (Agrosemens) n’ont pas été cultivées en 2018.

En 2017-2018, les variétés Fictor F1, Orange Summer F1 et Amoro F1 présentaient un taux faible de conservation (5%) en fin de stockage (110 jours après la récolte). Fictor (Debolster), Solor (Debolster) et Uchiki-kuri (Agrosemens) n’ont pas été cultivées en 2017.

6.5.1.3 Que dit la bibliographie ?

Les résultats sont variables. On pourra consulter : (GRAB, 2014), (BLO, 2017), (Le LAN, 2016), (PERENEC et LE LAN, 2018) pour ds informations chiffrées. Parmi les variétés non-hybrides, il semblerait que les variétés Fictor, Red-Kuri et Solor pourraient être intéressantes pour la longue conservation.

6.5.1.4 En guise de conclusion

En 2019-2020, il n’est pas possible, d’après les résultats obtenus mais aussi en raison du dispositif expérimental finalement mis en place (qui n’était pas celui initialement prévu par Simon), de conclure à la supériorité de Red-Kuri sur les autres variétés cette année. Fictor a fait aussi bien que certaines variétés-semenciers de Red-Kuri lorsqu’elles étaient cultivée par Antoine, Solor a fait aussi bien que Red-Kuri_Germinance lorsqu’elles étaient cultivées par Nathalie et Uchiki-Kuri, qui n’a pas de très bons résultats en début de stockage pourrait, avoir été cultivée dans des conditions trop particulières pour permettre une conclusion. Comme il semble clair que les facteurs local de conservation et semencier’ ont un effet sur la conservation des potimarrons, si on veut étudier l’effet de la variété avec plus de précision, il faut désormais concevoir le protocole de la manière suivante et s’y tenir :

  • Cultiver plusieurs variétés, issues du même semencier et conservées dans le même local et

  • Répéter les cultures chez plusieurs agriculteurs afin de voir si l’effet du facteur ‘’variété’’ est plus important que l’effet du facteur “agriculteur”.

6.5.2 Partie_II Etude des potimarrons vert-bleu-gris et comparaison entre les potimarrons orange et potimarrons verts

6.5.2.1 Résultats 2019-2020

Seules les modalités cultivées chez Nathalie permettent de comparer l’effet de la variété-semencier sur la conservation. Voici les modalités que je compare :

  • Doux vert d’Hokkaïdo_Germinance_Nathalie_Guy_Ancienne

  • Blue Kuri_Bingenheimer Saatgut_Nathalie_Guy_Ancienne

Les modalités sont représentées sur le graphique 6.7.

Le tableau ci-dessous reprend les résultats des indicateurs synthétiques de conservation pour ces deux modalités.

Table 6.8:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
doux-vert-d-hokkaido_germinance_nathalie_guy_ancienne 45 114 26
blue-kuri_bingenheimer-saatgut_nathalie_guy_ancienne 50 114 19

Il n’y a pas de différences très importantes entre ces 2 modalités. Elles ont globalement la même dynamique. Il n’est malheureusement pas possible de savoir si ce résultat se répète chez les autres agriculteurs car aucun n’a cultivé à la fois doux-vert-d hokkaido_germinance et blue-kuri_bingenheimer-saatgut.

Si on regarde, en plus de ces deux modalités, la modalité de Doux vert d’Hokkaido cultivée par Guy et conservée dans les mes conditions (sur le graphique 6.10 par exemple), on se rend compte que ces trois modalités de potimarrons vert et gris-bleu commencent à pourrir très rapidement, sans « plateau de conservation », alors qu’ils sont conservés dans une chambre de conservation à température et humidité relative régulées. Puis leur taux de survie semble se stabiliser.

6.5.2.2 Que disent les résultats 2018-2019 ?

En 2018-2019 il n’y a pas eu d’essais sur les potimarrons verts.

En 2017-2018 en revanche plusieurs modalités de potimarrons verts avaient été cultivées et suivies. En comparant leur dynamique de pourrissement moyen à celle des modalités orange, Simon avait mis en évidence deux dynamiques contrastées : une courbe convexe pour les potimarrons verts (surtout vrai pour les potimarrons verts populations, beaucoup moins, semble-t-il, pour les hybrides) avec un taux de perte important en début de stockage, mais une plus grande stabilité sur le long terme et courbe concave chez les potimarrons orange (vérifié sur hybride et sur populations) avec un faible taux de perte en début de stockage mais une chute en fin de stockage.

6.5.2.3 En guise de conclusion

La dynamique de conservation des potimarrons verts et bleu-gris semble être la même. La différence de comportement au stockage entre vert et orange, observée en 2017-2018 semble se répéter en 2019-2020. Par ailleurs l’essai de cette année semble bien confirmer le comportement contrasté entre potimarrons verts et potimarrons orange.

6.6 Existe-t-il un effet des pratiques de cultures des agriculteurs sur la conservation des potimarrons ?

L’hypothèse faite ici c’est que les pratiques de cultures des agriculteurs influencent la conservation des potimarrons. Par ailleurs, ce serait Guy qui aurait les meilleures pratiques pour la conservation des potimarrons.

6.6.1 Résultats 2019-2020

Pour discuter ces hypothèses quatre jeux de données peuvent être utilisés, dans lesquelles seule le facteur ‘agriculteur’ varie :

  • Les pratiques culturales des agriculteurs ont-elles un impact sur la conservation de Red-Kuri_Germinance ?

    • Red-Kuri_Germinance_Guy_Guy_Ancienne
    • Red-Kuri_Germinance_Antoine_Guy_Ancienne
    • Red-Kuri_Germinance_Nathalie_Guy_Ancienne
Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet des pratiques culturales

Figure 6.8: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet des pratiques culturales

Table 6.9:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
red-kuri_germinance_guy_guy_ancienne 45 142 90
red-kuri_germinance_antoine_guy_ancienne 30 123 72
red-kuri_germinance_nathalie_guy_ancienne 24 125 57
  • Les pratiques culturales des agriculteurs ont-elles un impact sur la conservation de Red-Kuri_Essembio ?

    • A3 : Red-Kuri_Essembio_Antoine_Guy_Ancienne
    • G3 : Red-Kuri_Essembio_Guy_Guy_Ancienne
Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet des pratiques culturales

Figure 6.9: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet des pratiques culturales

Table 6.10:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
red-kuri_essembio_antoine_guy_ancienne 14 97 69
red-kuri_essembio_guy_guy_ancienne 9 99 37
  • Les pratiques culturales des agriculteurs ont-elles un impact sur la conservation de Fictor_De Boslter ?

    • A2 : Fictor_De Bolster_Antoine_Guy_Ancienne
    • N2 : Fictor_De Bolster_Nathalie_Guy_Ancienne
Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet des pratiques culturales

Figure 6.10: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet des pratiques culturales

Table 6.11:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
fictor_de-bolster_antoine_guy_ancienne 32 125 57
fictor_de-bolster_nathalie_guy_ancienne 0 104 36
  • Les pratiques culturales des agriculteurs ont-elles ont-elles un impact sur la conservation de Doux vert d’Hokkaïdo_Germinance ?

    • G4 : Doux vert d’Hokkaïdo_Germinance_Guy_Guy_Ancienne
    • N4 : Doux vert d’Hokkaïdo_Germinance_Nathalie_Guy_Ancienne
Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet des pratiques culturales

Figure 6.11: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet des pratiques culturales

Table 6.12:
modalite Pourcentage…..restant.à.144.jours.de.stockage Durée.récolte.perte.50..de.perte..jours. durée.récolte.perte.10…de.perte..jours.
doux-vert-d-hokkaido_germinance_nathalie_guy_ancienne 45 114 26
doux-vert-d-hokkaido_germinance_guy_guy_ancienne 45 129 13

6.6.2 Commentaires

Antoine, sur fictor_de bolster, a de meilleurs résultats que Nathalie, mais j’ai déjà discuté les problèmes d’analyse des résultats de fictor_de Bolster cultivée par Nathalie. Y a-t-il d’autres modalités où Antoine a les meilleurs résultats de conservation ? Il n’y a pas de réponses unanimes, tout dépend de ce que l’on observe. Antoine a sans doute de meilleurs résultats de conservation sur red-kuri-essembio, mais seulement les 90 premiers jours de stockage, ensuite c’est Guy qui a les meilleurs résultats à 144 jours de conservation sur cette variété-semencier. Sur red-kuri_germinance, pendant les 110 premiers jours, Antoine a de meilleurs résultats que Nathalie, mais pas forcément que Guy. Après 110 jours de conservation, ces résultats plongent et devienne nettement moins bon que ceux de Guy, mais pas forcément moins bons que ceux de Nathalie.

Nathalie a de meilleurs résultats de conservation que Guy sur le Doux-vert de Hokkaïdo mais seulement jusqu’à 90 jours, ensuite les valeurs de taux de survie sont identiques. Elle a de moins bons résultats sur red-kuri_germinance que ce soit par rapport à Guy (sur toute la durée du stockage) ou à Antoine (sur les 110 premiers jours de stockage).

Enfin, si les résultats de Guy sont nettement meilleurs sur la conservation de Red-Kuri_Germinance après 110 jours de stockage, ce n’était pas forcément le cas avant cette date où il avait les mêmes résultats qu’Antoine. Guy a de moins bons résultats qu’Antoine sur Red-Kuri Germinance dans les 90 premiers jours de stockage, ensuite les valeurs de taux de survie sont plus ou moins identiques. De même sur Doux-vert de Hokkaïdo, Guy a de moins bons résultats que Nahtalie sur les 80 premiers jours de stockage, ensuite les valeurs de taux de survie sont identiques.

Pour revenir sur l’hypothèse selon laquelle Guy aurait de meilleures pratiques pour la conservation, cela ne semble se vérifier que sur red-kuri_germinance après 110 jours de stockage après récolte.

6.6.3 Que disent les résultats 2018-2019

En 2018-2019, c’était Guy qui avait les meilleurs résultats de conservation, mais il n’était pas possible de savoir si ces meilleurs résultats provenaient des techniques de cultures de Guy ou de sa chambre de conservation.

6.6.4 Que dit la bibliographie ?

Parmi toutes les pratiques agricoles pouvant influencer la conservation des potimarrons, il semblerait que le stade de récolte soit très déterminant. Il se pourrait même qu’après le local de stockage ce soit le facteur qui cause le plus d’écart de conservation entre les modalités étudiées dans la littérature. On se repportera à (PERENNEC et LE LAN, 2018), (SERAIL, 2018) et (SERAIL, 2019) pour plus d’informations chiffrées.

Il existerait un stade optimal pour la récolte qui est peut-être le suivant : fruit n’ayant pas atteint sa couleur définitive, pédoncule devenant liégeux mais encore vert à son extrémité, sénescence du feuillage encore incomplète, pas d’attaque par les rongeurs. Récolter à ce stade semble nécessaire pour favoriser le séchage d’une part et la respiration des fruits d’autre part en début de stockage. Voir notamment (DECROCK, 2018), (PERENNEC et LE LAN, 2018), (SERAIL, 2018) et (SERAIL, 2019).

(PERENNEC et LE LAN, 2018) et (SERAIL, 2018) semblent montrer que la récolte en sur-maturité (à sénescence complète du feuillage ou dès que les rongeurs commencent à attaquer les fruits) soit la plus défavorable à la conservation. Les potimarrons en sur-maturité auraient, un taux de sucre élevé et ils auraient des difficultés pour sécher (leur pédoncule étant devenu liégeux). Ces conditions (sucre et humidité) pourraient expliquer le développement des champignons pendant le stockage.

La méthode de récolte semble aussi avoir son importance. Laisser le pédoncule long (5 à 10 cm) permettrait aux fruits de mieux sécher pendant le « curing » ou en début de stockage, si ce pédoncule est encore vert… Les blessures occasionnées lors des récoltes provoqueraient une sur-production d’éthylène susceptible d’accélérer la maturation et, in fine, le pourrissement des potimarrons. Voir (DECROCK, 2018) Pour une revue bibliographique des autres pratiques agricoles sur la conservation : voir en annexe. ### En guise de conclusion

Selon moi, les résultats obtenus en 2019-2020 ne désignent pas clairement d’agriculteurs ayant des pratiques culturales améliorant la conservation des potimarrons.

Il ne me semble pas évident que Guy ait de meilleurs résultats de conservation. Ses meilleurs résultats en 2018-2019 devaient sans doute être liés à son local de stockage.

Par ailleurs, comme en témoignent les itinéraires techniques en annexes, lorsqu’on étudie l’influence du facteur ‘agriculteur’, on n’étudie pas clairement l’effet d’une seule pratiques, mais bien l’effet combiné de plusieurs pratiques et contextes. Nous aurions tort de dire que l’absence d’irrigation (chez Guy) n’a pas d’effets significatifs sur la conservation, car c’est la combinaison des pratiques et contextes de Guy à savoir : absence d’irrigation-date de récolte plus précoce-biodynamie-pH plus acide-… qui n’a pas prouvé de supériorité dans la conservation des potimarrons.

7 Les resultats de rendement 2019

7.1 Resultats 2019

Dans le graphique 11 et le tableau 17 ci-dessous, les résultats de rendement sont donnés pour 13 000 pieds/ha et exprimés en tonne par ha.

Les rendements sont donnés en fonction du poids moyen dans le graphique 11. Cette représentation permet de visualiser les modalités qui ont compensé le faible poids moyen des potimarrons par une prolificité moyenne des pieds plus importante. Ainsi, uchiki-kuri_agrosemens_nathalie et red-kuri_germinance_antoine ont un rendement comparable cette année (environ 20 T/ha) mais uchiki-kuri_agrosemens_nathalie a produit plus des fruits de faible poids moyen (700 g), alors que red-kuri_germinance_antoine a produit moins de fruits de poids moyen plus élevé (900 g).

Deux modalités produisent des fruits de plus de 1 kg : red-kuri_germinance_antoine et solor_de bolster_nathalie.

Solor_de bolster_nathalie fait partie des trois modalités qui ont le rendement le plus élevé. C’est remarquable car globalement toutes les autres modalités de Nathalie ont un rendement inférieur ou égal à 20 T /ha. Comme pour la conservation, nous ne pouvons pas trancher si ce résultat provient de la variété-semencier ou de l’itinéraire de culture et de contexte de culture chez Nathalie.

A noter, la différence de rendement et de poids moyen entre red-kuri_germinance_antoine et red-kuri_germinance_nathalie laissant penser qu’il existait des différences importantes affectant le rendement entre les pratiques culturales et l’environnement de culture de Nathalie et d’Antoine. Ce résultat pourrait être confirmé en comparant fictor_de bolster_nathalie et fictor_de bolster_antoine. Toutefois, je considère qu’on ne peut pas se fier aux résultats de la modalité fictor_de bolster_nathalie pour des raisons déjà exposées.

A noter enfin la différence de rendement et de poids moyen entre les deux modalités fictor_mds_mds et tetsukuri_mds_mds (voir paragraphe sur la création variétale).

Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l'effet des pratiques culturales

Figure 7.1: Taux de survie des potimarrons de l’essai criblage variétal en fonction de la durée de stockage après récolte. Focus sur l’effet des pratiques culturales

En 2018-2019, le dispositif expérimental permettait d’étudier les corrélations entre le poids et le pourrissement. L’hypothèse qui était alors discutée était la suivante : les potimarrons les plus gros se conservent moins bien que les plus petits. Simon avait conclu qu’il n’est pas possible d’affirmer que les potimarrons les plus gros pourrissent plus vite parce qu’ils sont plus gros, mais qu’il existe sans doute un facteur caché qui influence à la fois le poids et la capacité de conservation (la fertilisation pourrait être ce facteur).

Cette année le dispositif expérimental ne permet pas d’être aussi fin (nous ne disposons pas du poids par potimarron). Toutefois il est à noter que des modalités ayant des poids moyens de leurs potimarrons similaires ont des dynamiques de conservation différentes. C’est le cas par exemple entre red-kuri_germiance_nathalie et fictor_mds_mds. Inversement, des modalités dont les potimarrons ont des poids moyens différents n’ont pas forcement montré des dynamiques de conservations très différentes, c’est le cas par exemple de red-kuri_germinance_antoine et fictor_de bolster_antoine. Toutefois, ces raisonnement sont fait sur le poids moyen, mais il n’est pas impossible que dans chaque modalité les potimarrons les plus gros aient péri en premier, nous ne disposons malheureusement pas de l’information.

7.2 Que dit la bibliographie ?

Dans la bibliographie on trouve : Red-Kuri (Voltz) : 750g, Uchiki-Kuri (Voltz) : 1100 g, Fictor (De Bolster) : 900 g.