A la maison de la semence, il existe « un musée ». Un musée où une belle quantité de variétés de maïs et de tournesol sont gardées dans des bouteilles en verres, à l’image des maisons de semences que l’on rencontre en Amérique du Sud par exemple. C’est environ les dix premières années de l’histoire du programme « Cultivons la Biodiversité Cultivée » qui résident là, dans leur prison de verre. La logistique nécessaire pour assurer la reproduction de toutes ses variétés était colossale, trop pour les effectifs salariés d’AgroBio Périgord et, petit à petit, le musée est tombé en désuétude pour laisser place à une conservation plus dynamique de la biodiversité, distribuée et renouvelée chaque année grâce au travail des agriculteurs.
Mais n’y a-t-il pas des petites merveilles insoupçonnées qui dorment dans les bouteilles, comme des messages génétiques d’une autre génération confiés aux vagues du temps ? A l’automne 2019, l’équipe Biodiversité a entrepris de dépoussiérer ces vieilles graines…
Toutes les annotations relevées sur les bouteilles ont été soigneusement collectées puis nous avons entrepris de vider le contenu de chaque bouteille. Le petit « pshit » qui se faisait entendre à l’ouverture du couvercle, toujours suivi d’une charmante odeur de fermentation, ne laissèrent présager rien de bon.
Systématiquement, chaque lot a subi un petit test de germination et les résultats furent sans appel… sur plus de 60 lots testés, seuls deux présentait un taux de germination supérieur à 0%. Les lots « morts » furent photographiés pour la postérité, certains gardés en exposition mais la plupart termineront leur vie broyés dans le jabot d’une poule.
Parmi les variétés dans le musée de la semence nous avons trouvé tout un stock de variétés brésiliennes, dégottées sur une foire en 2003. Certaines de ses variétés furent reproduites plusieurs années en Dordogne comme les variétés « Palha Roxa », « Oïto Carreiras » ou « Caiano » puis furent perdues. On retrouve de même des tous petits lots de semences datant des déstockages des frigos de l’INRA comme « Beaumont », « Terrasson », « Salies du Béarn », « Blanc de Monein »… qui pour la plupart tournent encore timidement dans le réseau de cultivateurs de maïs population. Ou encore de vieilles variétés portugaises comme « Don Juan », « Miguel », « Lisbonne » que l’on retrouve aujourd’hui notamment en mélange dans des créations variétales de paysans sous le nom de « Porto » ou « Tio Joao ».