Lavergne

Fiche variété

Publié par Robin NOEL - Equipe Biodiversité - AgroBio Périgord on Thursday, December 16, 2021

Retour vers toutes les fiches variétés de maïs grain-ensilage

Cliquez ici pour découvrir le guide de lecture des fiches variétés et la demarche dans laquelle ce travail s’inscrit.

Groupe de précocité : Très Tardif 2

Statut de sauvegarde: (1) Tres repandu

Etat des stocks à la Maison de la Semence: Correcte

Lavergne - Dordogne - 2017Lavergne - Dordogne - 2017

Figure 1: Lavergne - Dordogne - 2017

Origine et Histoire

La variété Lavergne est une création variétale de Bertrand Lassaigne, agriculteur au Change (24), au début du programme sur la conservation de la biodiversité cultivée en Aquitaine. Son nom vient de la parcelle éponyme sur laquelle cette variété a été cultivée pour la première fois en 2004.

Il s’agit de la première création variétale au sein du programme, elle est constituée d’un mélange de nombreuses variétés :

« Ce n’était pas la première fois que je cultivais en mélange, mais c’est la première fois que je le faisais par décision, par décision de créer ma propre variété […]. L’année précédente, je faisais des hybrides, et on commençait à avoir une plateforme un peu étayée. Il y avait déjà du Miguel, un maïs d’Irak appelé Narguilé, Abelardo, Italo fourni par une famille italienne, le Grand Roux Basque, le Grand Cachalut, que j’avais récupéré à Auch, lors d’une manifestation des faucheurs devant le tribunal. Est-ce qu’on avait Aguartzan? On avait du Blanc d’Astarac, et probablement du Rouge d’Astarac qu’on avait récupéré je sais plus comment d’ailleurs […]. Et dans les variétés de base, il y avait toutes les variétés du Guatemala : au moins Sical et les ancêtres de Helene-Guate (Don Victor, El Indio). »

Bertrand Lassaigne a progressivement rajouté d’autres variétés ou a fait des “piqûres de rappel” à ce mélange entre 2004 et 2011 (environ 5% à chaque ajout) comme les variétés Hélène Guaté, Miguel, Coussarin et Adriano.

« On avait peu de graines à l’époque, mon idée était de le comparer aux hybrides. A l’époque, j’avais deux hybrides et j’avais semé cette parcelle entre les deux, il devait bien y avoir une 40aine de rangs. Et j’ai fait ma première sélection au milieu des 40 rangs. » [Entretien avec Bertrand Lassaigne – Août 2017]

Par sa (très probable) grande diversité génétique, Lavergne paraît comme un réservoir de solutions et de possibilités, adaptable et évolutive. Elle devient rapidement un symbole de la réappropriation de la semence de maïs par les paysans.

Elle est progressivement adoptée par plusieurs agriculteurs et on connait aujourd’hui plusieurs souches de Lavergne : deux en Dordogne, une dans L’Indre (cultivée et améliorée par un petit collectif d’agriculteurs), au moins deux dans la Vienne et il en existe certainement d’autres. Ces souches ont évolué isolément les unes des autres pendant plus de 10 ans, ont été sélectionnées différemment et sont aujourd’hui probablement différentes les unes des autres.

Les données présentées sont issues des observations menées sur la souche de Dordogne.

Caracteristiques de la variete

Description et particularites

Lavergne est une des variétés les plus étudiées et mesurées à AgroBio Périgord. En termes de rendement, elle se situe dans la moyenne haute de toutes les variétés populations connues de la Maison de la Semence de Dordogne. Malgré la grande diversité génétique qui caractérise ses origines, Lavergne n’est pas plus hétérogène que les autres variétés (voire moins) sauf sur le caractère de hauteur de plante.

On trouve cependant une grande diversité de phénotypes d’épis dans cette population:

-Une proportion égale de rafles rouges et de rafles blanches

-Une majorité d’épis au grain mat (60%) contre 40% d’épis au grain brillant

-Une grande majorité d’épis au grain corné (70%)

-Quelques inclusions violettes

-Quelques rares épis rouges (moins de 1%)

Lavergne est une variété qui présente une proportion étonnement élevée de pieds ne produisant pas de pollen (12% de la population) (observé la première fois en 2018 et confirmé en 2021). Mais ces individus stériles sur la fleur mâle produisent quand même de beaux épis. A ce jour ne savons pas quelles sont les conséquences agronomiques de la présence de ce phénotype.

Des tests de mouture ont été réalisés sur Lavergne (souche Dordogne) en 2015. Passé au moulin, il rend une quantité légèrement supérieure de farine (mouture de 0 à 600 µm) (55%) que de semoule (mouture > 600 µm) (45%).